Migo
Suite à trois
Peintre, graveur, poète, philosophe, esthéticien et compositeur français, c’est ainsi que l’on peut présenter Georges Migot qui demeure de nos jours un artiste méconnu dans le monde musical. S’il fut en effet beaucoup joué entre les deux guerres, où il était alors apprécié à la mesure de son talent, son œuvre, comme celle de nombreux créateurs dits indépendants, tomba dans l’oubli à l’issu du second conflit mondial. À l’époque où Georges Migot a écrit le Trio, il devient président de « La Spirale », une société de concerts parisienne influente, dédiée à la présentation d’œuvres contemporaines françaises et internationales. Le Trio de Migot est un héritier direct de ce legs musical. La transcendance de sa fibre émotive, son lyrisme poussé et ses fulgurances de ferveur religieuse viennent tous renforcer la place qu’il occupe comme l’une des œuvres de musique de chambre françaises les plus captivantes du début du XXe siècle.
Critique
La Scena Musicale
1 avril 2010
Grâce à Stéphane Lemelin, qui dirige chez ATMA la série «Musique française: Découvertes 1890-1939», et après son enregistrement de l’inclassable Zodiaque de Georges Migot, l’on peut espérer que le compositeur français finira par occuper la place qui lui revient dans la discographie, une place en marge des grands courants de la musique européenne de l’entre-deux-guerres. Le Trio (ou Suite à trois) pour violon, violoncelle et piano date de 1935. C’est une œuvre ambitieuse et fascinante de presque trois quarts d’heure, où Migot traite les instruments comme autant de solitudes qui semblent ne s’unir que dans la désolation du troisième mouvement, au nom paradoxal de Danse. L’auditeur en sort presque sonné. Le Livre des danceries (1929) pour flûte, violon et piano, de moitié moins long, est d’une veine moins sombre et plus dépouillée, culmiant dans un troisième mouvement marqué Religieux. Le jeu du trio Hochelaga, tout comme celui du flûtiste, est à placer sous le signe de la conviction pleinement partagée.
Alexandre Lazaridès – La Scena Musicale
L’Éducation musicale
1 avril 2010
…Dans cette excellente formation, chaque instrumentiste peut se mettre en valeur pour un passage très expressif et tourmenté ou, au contraire, s’effacer pour donner libre cours à une autre ligne mélodique, au profit de l’intériorité ou pour marquer des entrées successives. Le Livre des danceries pour flûte (R. Cram), violon & piano (1929) bénéficie des mêmes qualités d’interprétation : précision, distinction, transparence. L’atmosphère se fait, tour à tour, entraînante, espiègle, percutante ou mélodieuse et dépouillée ; le 3e mouvement «Religieux» est particulièrement expressif…
Emmanuel Honegger – L’Éducation Musicale
ConcertoNet
23 mars 2010
(…) Le Trio (ou Suite à trois) (1935) pour piano, violon et violoncelle, à la fois élégant, sombre et passionné, se distingue par une intéressante invention mélodico-rythmique. Lorsqu’il composa cette œuvre de belle envergure, Migot est nommé à la présidence de la Spirale, société de concerts défendant la musique contemporaine, dont celle de Messiaen et Jolivet, preuve que cet artiste profondément spirituel ne s’opposait pas à la modernité. La complexité polyphonique n’est pas sans faire penser au Fauré tardif mais l’architecture est plus touffue et la texture moins simple, du moins en apparence, que dans Le Livre des danceries pour flûte, violon et piano (1929), inscrit clairement dans la descendance de Rameau et de la musique médiévale. Trois des quatre mouvements sont dédiés aux membres du Trio Ars Nova à qui a été confiée la création. Cette écriture de synthèse parvient malgré tout à être personnelle – n’a-t-on pas qualifié Migot de « Groupe de Un » ? Le Trio Hochelaga exécute avec conviction ces pages si intrinsèquement françaises avec netteté, sobriété et une constante maîtrise instrumentale.
ConcertoNet.com – Sébastien Foucart
The WholeNote
1 mars 2010
Intense in his spirituality, drawing on the rich diversity of French music, and inspired by the Touraine landscape, Georges Migot
(1891-1976) could not fail to achieve fame as president of La Spirale, the Parisian society dedicated to offering performances of new
French works.
Migot’s Trio of 1935 commences with the Modéré, an intense – and clashing and disjointed – movement. It is almost a duel between piano and violin. It is followed by an Allègre. Both movements make great demands on the skills of cellist Paul Marleyn and violinist Anne Robert; their skills ensure that this recording matches up to the description of the Trio as one of the most arresting pieces of French chamber music.
Third movement is the Danse, where Stéphane Lemelin’s piano-playing comes into its own, as intense as the string parts, but more disciplined as the piano is denied the liberty that the latter enjoy as they invoke France’s varied heritage. Last is the Final: no instrument dominates and Migot allows each to test its player’s skill. This is an intense suite of chamber music, a challenge to preconceived ideas of classical ensembles.
In very different spirit is the Livre des Danceries where flautist Robert Cram introduces a sprightly quality which is eventually taken up by the piano part in the second – Gai – movement. At last, the CD’s pianist can relax! Next is Réligieux, longest of the four movements, drawing on melodic religious sources. And then Conclusion, from the earliest bars a celebration of the other movements and an exciting way to round off
Trio Hochelaga’s vigorous interpretations.
Michael Schwartz – The WholeNote
Le Journal de Montréal
6 février 2010
Au fil des ans, le Trio Hochelaga a développé une esthétique toute particulière qui combine rigueur et sensibilité. Avec cette nouveauté, nous partons à la découverte du compositeur, peintre et philosophe français Georges Migot (1781-1976) qui se situe entre Ravel et une certaine forme d’avant-garde. Empreintes de nostalgie, ses compositions trouvent avec le Trio Hochelaga une résonnance parfaite. Une belle découverte.
Christophe Rodriguez – Le Journal de Montréal